(25 - 26 avril 2020 - 3e dimanche de Pâques, A)

 

Il marchait avec eux…

Deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs

Ils marchaient et s'en allaient tout tristes sur la route d'Emmaüs ; les voilà sur le chemin du retour vers le quotidien, vers la banalité des jours...
Quand on a tellement espéré que Jésus libérerait son peuple et qu'il gît, maintenant, tout au fond d'un tombeau, comment ne pas pleurer le rêve évanoui !...
C'est le Chemin un peu résigné de tous :
" Nous espérions !... Et voilà que rien n'a changé, voilà que la vie usante et lourde reprend son cours… ; voilà que covid 19 est encore et toujours là !...
C'est aussi le chemin des espoirs déçus en ce qui concerne une Église qu'on disait immortelle, éternelle et qu'on la voit maintenant usée, comme à bout de souffle, déphasée dans un monde qui se passe bien d'elle…
Et, cette relève en laquelle on espère et qui ne se montre pas ; et ces jeunes qu'on ne voient pas !...
Sur ces routes là, c'est comme si un monde s'écroulait ; on n'y voit plus clair, on n'ose plus croire, ni espérer !...

Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec eux…
Les deux hommes marchaient et un troisième vint qui fit route avec eux.
Mais eux, tout à leur rêve et à leur déception, ne le reconnurent pas.
Ils auraient voulu des faits éclatants, que ça fasse du bruit…
Que ce Jésus se remontre à la foule, aux pharisiens, aux scribes ; et qu'il y ait des signes dans le ciel et sur terre, et des chants de triomphe…
Aujourd'hui encore il chemine avec nous, mais, il y en a qui rêve encore à l'ancienne Eglise, celle des grands rassemblements, celle du beau vieux temps où elle dominait… :
Ainsi tous pourraient voir qu'on ne s'est pas trompé ; que Dieu est avec nous.
Et pourtant le Christ ressuscité marche à nos côtés, et on ne le reconnait pas !...

Alors leurs yeux s'ouvrirent,…
Alors les deux disciples dirent à leur compagnon :
" Reste donc avec nous car déjà le jour baisse ".
C'est à partir de là, de cette invitation, de ce geste tout simple que leurs yeux se sont ouverts et qu'ils l'ont reconnu.
Ils ont rebroussé chemin, ils ont tourné le dos à leur rêve de puissance, de triomphe et de gloire.
Et désormais ce sera dans l'accueil de l'autre et surtout du petit qui ne rapporte rien, dans le gîte qu'on offre, dans le pain qu'on partage…, qu'on le reconnaîtra !...
Et nombreux sont ces gestes, aujourd'hui, dans l'Eglise.
Encore faut-il les voir.