( 54ème dimanche carême A 25-26/03/2023 )

 

« Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11, 3-7.17.20-27.33b-45)

Jésus semble vraiment aimer se faire désirer… Alors que Lazare est en train de mourir, Jésus attend… et ne se presse absolument pas pour accourir auprès de son ami souffrant et de ses sœurs éplorées. L’Evangile va jusqu’à nous préciser que Jésus s’est même réjoui de ne pas avoir été là. Mais pourquoi donc ?

Est-ce là un signe ? S'agirait-il de montrer que Dieu est capable, à la prière de Jésus, de rendre un mort à la vie ? … Plus qu’un signe, un signal ! Voire une provocation ! Au cœur même de l’attente de la mort de Lazare, provoquer une attente de plus, celle du Christ, et avec lui, celle de Dieu et de la vie.

Si Jésus semble se faire attendre, c’est justement pour laisser la vie de Dieu se faire désirer. Pour que ce désir soit plus grand que celui de la mort, pour que cette attente embrasse et dépasse l’attente même de la mort.

Bref, pour que la mort soit comprise, engloutie dans la vie en Dieu. Jésus demeure dans le calme et la confiance, car il sait, lui, que l’avenir de l’homme, ce n’est pas la mort, mais la vie… Cette paix de Jésus qui rayonne mystérieusement avant la mort de Lazare est comme une annonce de la paix du Ressuscité après sa propre mort, une préfiguration de la victoire de la vie sur la mort.

Etty Hillesum, cette jeune femme juive, l’avait pressenti lorsqu’elle écrivait dans son journal, quelques années avant d’être déporté et tuée à Auschwitz :

« Regarder la mort en face et l’accepter comme partie intégrante de la vie, c’est élargir cette vie. A l’inverse, sacrifier dès maintenant à la mort un morceau de cette vie, par peur de la mort et refus de l’accepter, c’est le meilleur moyen de ne garder qu’un pauvre petit bout de vie mutilée, méritant à peine le nom de vie. Cela semble un paradoxe : en excluant la mort de sa vie, on se prive d’une vie complète, et en l’y accueillant on élargit et on enrichit sa vie. »