(Dimanche Saint Sacrement A)

 
« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie ... » (Jn 6, 51-58)

Donner sa vie… voilà un projet qui à première vue nous paraît difficile, héroïque, vain peut-être. Les images qui nous viennent sont celles d’hommes et de femmes qui s’engagent tout entier dans une cause à laquelle ils se consacrent à fond, jusqu’à mourir parfois.

Ce sont les martyrs, les héros de la guerre ou de la résistance, celles et ceux qui donnent leur vie pour leur foi ou pour leur patrie, les soignants…

Beau geste, beau témoignage. Mais est-ce bien pour moi ? En suis-je capable ? Est-ce bien raisonnable, quand j’ai charge de famille, quand j’exerce des responsabilités, de prendre de tels risques ?

Quand nous entendons ces phrases de Jésus qui dit qu’il donne sa chair, sa propre vie, nous pensons évidemment, et c’est normal, au sens qu’il donne à sa mort.

Il y a une autre manière de comprendre le don de soi, moins spectaculaire peut-être, mais tout aussi réelle : donner sa vie à quelqu’un, c’est l’aimer pour de vrai. « Je donnerais ma vie pour toi » : ces mots ne sont pas réservés à quelques héros, mais nous sommes tous capables de les prononcer un jour dans notre vie, parce que nous avons tous, un jour, rencontré quelqu’un pour qui nous pourrions donner notre vie.

Ce don de soi se vit au quotidien. Ce sont les parents, qui donnent tout pour la chair de leur chair : être père, être mère, ce n’est pas seulement donner la vie une fois pour toutes, mais c’est la donner chaque jour, donner de soi, donner de son temps, donner de l’amour à un point tel que l’autre prend soudain plus d’importance que soi-même. Ce sont les amoureux, les époux, à partir du moment où ils acceptent d’entrer dans l’amour par la porte du don de soi.

Il y a bien des manières d’aimer, certaines sont égoïstes, d’autres nombrilistes, d’autres intéressées ; l’amour à la manière de Jésus est don de soi sans réserve à la personne que l’on aime.