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Autant qu'ils voulaient…
Une grande foule le suivait… La foule était nombreuse. Cinq mille
hommes, dit-on. Il y avait aussi des femmes et des enfants. Et tous, ils avaient
faim, faim de ceux qui, au loin, rêvent d'un peu de riz ; faim de ceux qui en
sont à fouiller les poubelles à deux pas de chez nous ; faim d'emploi, de travail,
pour ceux et celles qui n'en ont pas ; faim d'un toit, d'une maison, pour ceux
et celles qui vivent à l'étoile qu'on dit belle ; faim de paix, de justice et
d'un peu de respect pour ceux et celles qui en perdent à travers des conflits…
Et il n'y a pas de miracle !...
Le salaire de deux cents journées
ne suffirait pas… Réalisme ou échappatoire ?... Philippe l'a bien
compris : deux cents jours de salaire ne seraient pas suffisants pour que chacun
reçoive un petit morceau de pain. La misère est si grande qu'on se sent impuissant.
Le mieux ne serait-il pas de veiller à ne pas devenir pauvre soi-même ? II
y en a tellement !... On donne bien une pièce à ceux qui tendent la main mais
demain, c'est certain, ils seront encore là !... Même quand on répond aux
appels en faveur des pays pauvre, c'est comme une goutte d'eau dans la mer…
Il faudrait un miracle !...
Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains
d'orge et deux poissons... Dans la foule, un garçon avait de quoi
manger, son casse-croûte : cinq petits pains et deux poissons. Peu de chose,
sans doute, mais suffisant pour lui. Et voilà que l'enfant a offert son panier
; il n'a rien gardé pour lui !... Et Jésus a pris les pains, il a pris les
poissons, les a distribués et tout le monde, toute la foule a mangé à sa faim.
II y eut même des restes. Une volonté de partage, un désir, une recherche
de solidarité et un regard nouveau que l'on pose sur le monde et la société et
tout pourrait changer. Quand les hommes s'y mettent, Dieu peut faire des miracles.
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